What the phoque ?
Super mois d’août qui alterne joyeusement entre les journées caniculaires (38°C à l’ombre du boulevard St Germain…) et les orages violents et glaciaux. Bilan : Gros rhume et gorge en carafe, terrée sous la couette pour ne pas éternuer toutes les cinq secondes, une boîte de mouchoirs dans un périmètre de dix centimètres. Un mois d’août de rêve, bis.
Bref, être coincée sous sa couette, toute reniflante et toussante, ça permet également de se pencher sur la question des séries US. Souvenez vous, il était question (dans un suspense insoutenable) de savoir pourquoi elles sont carrément mieux que leurs petites sœurs british. Et comme tout n’est pas pourri en ce bas monde, le Omnia nouveau est arrivé dans ma boîte aux lettres en direct de Hollande, et j’écoute leurs nouvelles chansons/réorchestration en réfléchissant pour ne pas écrire trop de bêtises.
Breeeeeef, les séries US. D’où le jeu de mot pourri (oui j’ai honte) du titre de ce post.
Eric Northman (True Blood) est grave trop affligé par mon jeu de mot
Je pourrais comme la dernière fois trouver des arguments de choc étayés avec des exemples subtilement choisis. Je me contenterai de préciser ce qu’elles ont de si différent et de faire une jolie liste de celle qui remporte mon adhésion sans limites.
Les américains, c’est bien connu, sont le centre du monde. Que dis-je, ils sont LE monde. Les aliens attaquent la terre ? Ils s’en prennent à New York. Il y a une épidémie/une catastrophe nucléaire/une nouvelle aire glaciaire ? Les pauvres victimes sont toujours dans un périmètre qui inclut au choix New York/Washington/Los Angeles/San Francisco. Le président des Etats-Unis, souvent une femme ou un noir, histoire de bien montrer que c’est une fiction (c’était avant l’élection d’Obama), ou le pouvoir absolu représenté par le chef de la CIA/un militaire avec un paquet de médailles, bref, « the guy in charge » parle toujours au nom de toute la planète terre/l’ensemble de la race humaine. Tout ça pour dire que les américains n’ont peur de rien puisqu’il n’y a personne au dessus d’eux. Sauf les aliens (mais c’est une autre histoire). La série américaine est donc souvent caractérisée par une confiance absolue dans l’homme américain. C’est le plus fort, le plus beau, et en plus il a la mâchoire carrée. La série américaine dispose de beaucoup de moyens financiers pour montrer comment l’Amérique c’est bien, et comment les américains ils sont trop forts. Le réalisme des séquences d’action, d’explosion, la qualité des effets spéciaux et des images de synthèse, tout ça place généralement la barre bien au dessus d’une série anglaise (moins de moyens, plus cheap, même si c’est bien aussi), et je parle même pas des séries françaises. Nan je n’en parlerai pas.
Les américains n’ont peur de rien. « Hey les gars, j’ai eu une idée géniale ! On va faire passer une tornade dans Wisteria Lane/ tomber un hélicoptère devant l’hôpital/exploser une ambulance avec des gens dedans. » Ok, y’a pas de problèmes ! Et que je te filme au ralenti l’avion qui explose en plein vol, avec des gros plans sur les visages horrifiés des passagers. La fiction américaine est toujours légèrement too much, over the top (diantre que j’aime cette expression !), un peu complaisante et m’as-tu-vu, genre « Eh, t’as vu ? ça aussi je sais le faire ! ». Ils n’ont peur de rien, donc, ce qui est aussi un sacré atout quand il s’agit d’inventer des histoires complètement improbables et de les développer sur quatre ou cinq saisons. Les scénaristes ont compris que le public était séduit par les idées les plus incroyables, jamais faites (le médecin exécrable ET drogué, le flic serial killer, la mère de famille dealeuse), et en surajoute depuis quelques temps. On arrive en ce moment à des trucs tellement pas crédibles que ça devient un régal de voir comment les scénaristes se rattrapent à des branches inexistantes pour sauver leur histoire. Je ne citerai aucun exemple.
Bon, je finis par le dernier argument de choc en faveur des séries américaines (parce que tout ce qui précède est un gros argument positif, faut pas croire, j’aime les trucs hautement improbables avec des explosions au ralenti et des ralentis over ze top…) : les acteurs. Les Etats-Unis sont un immense réservoir à beaux gosses/filles canons. C’est bizarrement anti naturel de voir une équipe de médecins castés parmi des top model, ou des voisines dans une banlieue américaine toutes plus photogéniques les unes que les autres. Mais on s’y fait curieusement vite, comme une sorte de postulat métaphysique inexplicable. Les gens sont beaux. OK. Un acteur américain est généralement un atout indispensable, le poids décisif dans la balance qui va nous décider à regarder ou non une série. Grey’s anatomy ça craint ? Mais il y a Kevin McKidd dans la dernière saison, alors on regarde. Les histoires de serial killer glauque ça fait peur et c’est malsain ? Oui, mais c’est ce mec qui joue dans Six feet under, alors on peut pas louper sa prestation quand même… Souvent un acteur américain porte à lui tout seul une série sur ses frêles épaules (et le budget, et la part d’audience, et l’intérêt médiatique), la moindre des choses quand on a de l’affection pour lui, c’est de regarder, non ?
^ Shane West (Urgences)
-Six pieds sous terre (Six feet under) : C’est une
série pionnière, fondatrice. On suit dans la durée une famille anticonformiste,
les Fisher, des croquemorts, en prenant vraiment son temps et en abordant des
sujets graves. En premier lieu la mort, puisque chaque épisode s’ouvre sur le
décès du jour -qui arrive souvent très bêtement-, qui va servir de fil rouge à
tout l’épisode. On suit les démarches des proches en deuil, la préparation du
corps, tout le business autour de la mort, et en parallèle les états d’âmes,
questions existentielles et problèmes
personnels de chacun des membres de la famille Fisher. Comme dans ses
héritières (House, Pushing Daisies…) le « cas » du jour entre en résonance avec ce que vivent les personnages principaux. Le pitch peu sembler
bien morbide, mais Six feet under possède un humour décapant, qui désamorce le
côté trivial de la mort sans en ôter toute la mélancolie. Bien avant Scrubs, ce
fut l’une des premières à mettre en scène sans transition les fantasmes de ses
protagonistes. Ajoutez à ça un casting harmonieux et crédible, de la mère
endeuillée qui refait sa vie au fils cadet homo refoulé (formidable Michael C.
Hall), et vous aurez l’une des meilleures séries jamais créée. A découvrir
absolument.
Dans la même branche : Les Soprano (sur la liste des trucs à voir)
Presque aussi chouette dans la même famille : House et Scrubs.
-Pushing Daisies : Voilà la série anti conformiste par excellence, qui remporte toute mon affection. Et j’ai pondu un article là-dessus déjà…
Du même style : Dead like me (même réalisateur)
-Dexter : le flic serial killer donc. On retrouve le génialissime Michael C. Hall, complètement flippant quand il cause au mec qu’il va hacher menu. Et complètement flippant de constater qu’on l’aime quand même. C’est la série la plus malsaine que j’ai pu voir : on cautionne des meurtres, et on s’identifie à Dexter, tout meurtrier qu’il est. Voilà une série phénoménale. Servie par des péripéties haletantes (misère ce que j’ai pu flipper devant la deuxième saison !), il est toujours sur le point d’être découvert, on est fasciné par son double jeu, par sa facilité à duper son entourage. Avec ça une réalisation impeccable, un casting très bien (j’adore les collègues de boulot de Dexter, et sa fiancée est nunuche comme il faut), on obtient un docteur Jekyll et mister Hyde d’un nouveau genre, absolument irrésistible.
-Rome : Si il y a bien UN modèle de série historique, c’est celle là. La reconstitution est proprement stupéfiante. Les décors, costumes, objets, situations, tout semble coller parfaitement. L’histoire s’écrit sous nos yeux, au travers de l’histoire individuelle de deux soldats, Vorenus et Pullo. Un petit chef d’œuvre en deux saisons qui se dévore d’une traite sans indigestion, très prenant, avec un casting époustouflant. Et non, je ne parlerai pas de Kevin McKidd en jupette. Je me contente d’une photo. (Pour mon malheur, toutes les photos de Lucius Vorenus sont coupées au buste, vous n'aurez que son visage...)
-True Blood : Quand on regarde un épisode de True Blood pour la première fois, on se demande vraiment dans quoi on fout les pieds. Des vampires dans un bled paumé en Louisiane ? WTF ? C’est glauque, c’est trash, ça s’homicide et ça fornique à tout va, le budget faux sang est hallucinant… Mais à l’image de son générique, horrifique mais terriblement réjouissant, cette série est fascinante et complètement jouissive. Déjà, c’est Alan Ball qui l’a fait, le même créateur que Six feet under. Et ça c’est pas rien. Si on accepte comme a priori que les vampires ont fait leur come back au grand jour depuis deux ans, et qu’ils sont parfaitement intégrés aux humains (ils disposent de bouteilles de sang synthétique, le fameux True Blood), on comprend mieux la métaphore sur la discrimination des noirs des homosexuels dans le sud profond… Dans ce patelin de culs terreux, Bon Temps (hum !) Sookie la serveuse télépathe (re-hum) rencontre un jour un beau vampire et en tombe amoureuse. Le spectateur découvre en même temps qu’elle ce monde, avec ses codes, sa hiérarchie… Et c’est très prenant. On a beau assister des scènes hautement nimpnawak, avec des acteurs légèrement too much et des effets spéciaux bien kitshounets, cette série est une drogue. Prenez le risque, vous ne serez pas déçus.
En vraiment moins bien : Moonlight, où les péripéties d’un beau vampire (joué par un acteur insipide) et d’une belle fliquette (jouée par Mme de Pompadour dans Doctor Who) et inachevée faute d’audience.
-Weeds : Où comment nourrir ses môme quand on est une
jeune veuve sans emploi. Bin on deale, quelle question ! Nancy Botwin
organise son petit trafic dans sa chic banlieue d’Agrestic. La série (les
premières saisons du moins, après ça se gâte) sont complètement jouissives,
provocantes, avec des dialogues hilarants et un solide comique de situation. Le
postulat de départ, encore une fois, ne fait pas dans le banal, et les
scénaristes on suffisamment d’intelligence (et de bargitude) pour en extraire
des scènes savoureuses. En plus, la musique du générique déchire tout.
Du même tonneau : Desperate housewives, sa grande sœur, qui nous a fait une première saison géniale et qui depuis… est de pire en pire.
Voilà un article pavé. Le genre qui fait un gros plouf si on le lance dans la mare. La prochaine fois, nous ne parlerons pas des fictions françaises, sauf peut-être de Kaamelott à l’occasion du livre 6. Mais c’est une série lyonnaise, pas française, donc tout n’est pas perdu.